Dans une semaine, ça fera un mois que je suis en Italie, ça fait donc presque un mois que j'ai débarqué à l'aéroport de Rome avec ma grosse valise beige qui visiblement a été victime de violence pendant le voyage, ne sachant à quoi m'attendre et ayant des connaissances plus que limitées en italien. Et je trouve enfin le temps et l'inspir ation d'écrire ici.
Il y a pleins de choses que je pourrais vous dire, je pourrais vous décrire le bonheur quotidien de vivre au pays du parmesan et de la pizza (ça n'étonnera personne que je commence par la bouffe hein). Je pourrais vous dire que j'ai une famille d'accueil géniale qui m'a immédiatement adoptée, que je deviens bonne à Mario Bros (miracle), qu'avec Naomi , ma corres', on chante tout le temps tellement que ça devient chiant, que j'ai une montagne de travail qui m'attend de la part de mes chers profs français qui ne m'ont visi blement pas oublié... Quoi d'autre? Je vais de toute évidence revenir grosse, j'ai déjà claqué 100€ de ce que j'avais au départ, j'ai fait le pari débile avec Naomi que si elle se teint les cheveux je le fais aussi, ce qui signifie que je vais certainement revenir grosse ET blonde (ou rousse, si elle arrive a me convaincre que c'est une super bonne idée) . Je pourrais vous dire qu e les italiens sont trop mignons quand ils parlent français mais que par contre je suis pas mignonne quand je parle italien, j'ai un accent strano (bizarre ) paraît-il, ça fait plaisir. Sinon je suis tellement fatiguée que je me suis mise à faire la sieste tous les après-midi après les cours, et c'est même pas pour me mettre au rythme italien (courte nuit-sieste après le déjeuner). Il faisait très froid ce matin , je crois qu'aller en Italie pour l'automne ne suffirait pas pour échapp er au froid. Je n'oublie point du tout les français dont je reçois des nouvelles tous les jours, et ce moment où je lis ces messages reste un de mes favoris de la journée, merci à ceux qu i m'écrivent régulièrement (big up Gaby, puisque tu passes par là de temps en temps)!
Mais en fait, je suis surtout là pour apprendre la langue, et je peux vous dire aau jourd'hui qu'apprendre directement dans la pays est la meilleure façon d'apprendre une langue. Et si vous saviez combien je suis heureuse et fière, au bout de trois semaines, d'être parfaitement capable de me débrouiller pour m'exprimer et comprendre ce qu'on me dit. Bon les gens détectent immédiatement que je suis étrangère dès que j'ouvre la bouche et je fais encore de grosses bourdes (comme confondre avec l'espagnol alors que je fais même pas espagnol, ou encore dire "nichon" au lieu de "tête"). Mais je n'ai plus rien à voir avec la fille qui galérait avec la langue à l'arrivée. Ma famille d'accueil est impressionnée par la vitesse avec laquelle j'ai commencé à maitriser l'italien. Certes, j'ai pas mal bossé et je continue à noter les nouveaux mots que j'apprends, mais je pense sincèrement que quand on est complètement "immergé" dans la langue, tout vient dix fois plus vite et très naturellement. C'est un vrai plaisir d'apprendre comme ça, et encore plus d'apprendre l'italien, parce que c'est la plus belle langue que je connaisse (contrairement à l'allemand par exemple, parce que soyons honnêtes : l'allemand c'est pas beau).
Et puis surtout, si un jour vous avez l'occasion de partir plusieurs mois à l'étranger, oubliez vos craintes, lancez-vous et partez. Des angoisses, avant de partir j'en avais un tas. La veille de mon départ, j'ai pleuré deux fois, et rebelote au moment de quitter ma famille à l'aéroport. C'était la première fois que je partais de chez moi aussi longtemps; je réalise maintenant que ça n'est pas si dur que je le pensais, merci à skype et à internet. Toujours est-il que dans l'avion, je m'efforçais de retenir mes larmes. Et puis pendant mon vol Paris-Rome, je me suis retrouvé à côté des portes de secours, et donc assise à côté de l'hôtesse de l'air. On a beaucoup parlé pendant le vol. Je lui ai raconté ce que j'allais faire en Italie, de mes angoisses liées à la langue, je lui ai même parlé de mon workcamp de cet été. Elle m'a parlé de son métier et de ses propres expériences à l'étranger. Étrangement, cette femme dont le métier consistait concrètement à voyager sans cesse a paru impressionnée par ce que je lui racontais. Lors de l’atterrissage, je suis partie en lui souhaitant une bonne continuation. Elle m'a souhaité la même chose et elle a ajouté "surtout continue de faire tout ce que tu fais, c'est vraiment génial". Je suis sortie de l'avion l'estomac noué mais absolument certaine de ce que je faisais et contente de le faire, tout ça grâce à une totale inconnue que je ne reverrai probablement jamais.
Et me voilà, trois semaines plus tard, je suis à des km de ma maison mais pourtant je me sens chez moi. Des fois je me dis qu'au fond on peut être partout chez soi. Je ne regrette pas du tout d'être partie. J'adore quand ma vie semble bien s'accorder avec ma citation préférée, d'Oscar Wilde : "les folies sont les seules choses qu'on ne regrette jamais"; citation que j'ai écrite un peu partout histoire de m'en rappeler et de tenter de m'y approcher un maximum. Vous avez déjà ressenti cette plénitude, cette impression de ne pas passer à côté de sa vie? Je ressens ça depuis bientôt un mois.
Je reviens vite, love!
ps : plus de photos sur mon facebook ;)